dimanche 16 mars 2014


Safidy Razafindrakoto est la fille d'un caporal-chef d'un caporal-chef du Groupement de Recrutement de la Légion Etrangère d'Aubagne.

En maths sup, elle ambitionne d'intégrer l'école de l'air pour devenir pilote de chasse : la FONDATION Maria et Jean BUSNOT l'aide à poursuivre ses études.

lundi 3 mars 2014

La jeunesse




.
La jeunesse n'est pas une période de la vie.
Elle est un état d'esprit, un effet de la volonté,
une qualité de l'imagination; une intensité émotive.
Une victoire du courage sur la timidité,
du goût de l'aventure sur l'amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années;
on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal.
Les années rident la peau; renoncer à son idéal ride l'âme.
Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs
sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre
et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille.
Il demande comme l'enfant insatiable : Et après?
Il défie les évènements et
trouve de la joie au jeu de la vie.
Vous êtes aussi jeune que votre foi.
Aussi vieux que votre doute.
Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
Aussi jeune que votre espoir.
Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.
Réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini.
Si un jour, votre coeur allait être mordu par le pessimisme
et rongé par le cynisme.
Puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.
Général Mac Arthur - 1945

Le chant de la sirène














 Toi, être mortel -aimerais-tu savoir
Ce qu'il signifie depuis la nuit des temps?
Succomber avec joie à l'appel des eaux mouvantes, S'abandonner tout entier au tumulte des éléments; Subir l'assaut fougueux de vagues impatientes
Dans cet univers incomparable, bouleversant.
Se laisser entraîner par des lames puissantes, Etre aspiré par des tourbillons incessants;
Se sentir arraché à soi-même -proie haletante
Des flots déchaînés et de leurs remous grisants.
Echouer enfin sur une rive resplendissante, Inondée d'un soleil magnifique et ardent;
Etre submergé par une ultime vague, saisissante, Et se laisser emporter très loin, vers le pays de
L'émerveillement.
Maria Busnot, février 1994.

Langueurs de l'âme














Je cherche toujours le pourquoi
Et exige l'éternité qui promet le durable.
Je ne peux me consoler de l'apparence des choses.
De même, je ne désire aucun changement
Pour l'avenir qui bientôt sera englouti
Comme ma nuit.
Je tends l'oreille vers le lointain
Lorsque les mystères de l'existence me tourmentent
Et perçois subitement une voix
Douce et claire; elle chante
D'une mélodie salvatrice, prometteuse de miracles
Et ébauchant une timide espérance:
«L'Etoile du Matin est née».

Traduction Maria Busnot.

Karma


Souhaiter- sans espérer,
espérer - sans attendre,
attendre - dans la confiance
que s'accomplisse le destin
qui les garde au secret,
parmi les étoiles,
et les exauce ou les détruit -
nos souhaits, nos espérances,
nos attentes.
Maria Busnot, Paris, novembre 1993.


Jeu de mots


Cui sapiunt omnia prout sunt,
hic est vere sapiens.
(proverbe séculaire)
Si tu goûtes les choses
Telles qu'elles sont
Tu es véritablement sage.
Mais ton désir fait naître par magie
Sans cesse de nouvelles utopies
Oui t'entraînent vers l'inconnu.
L'image de la paix
Dans le silence de midi
Est un leurre.
La brume qui monte des étangs
En étendant ses voiles
Cache la mort - sans arrêt
A la recherche de nouvelles victimes.
Le monde sans âme dépérit
Complètement emmêlé dans les ronces.
Pan ne se promène plus
Et sa flûte reste muette.
Traduction Maria Busnot.


Intérêt général


Pauvre renarde,
qui - avec tes quatre petits -
a été la victime du froid désir de tuer.
Aucun voisin ne s'était pourtant plaint
de pertes dans son poulailler,
aucun chien n'a dû être abattu
pour cause de rage
pendant les quatre années
où nous t'avons laissé les restes
de nos repas de carnassiers.
Mais les peurs ancestrales irraisonnées
n'ont pas fait hésiter une seu1e seconde
le nouveau voisin jouant du cor de chasse,
se disant amateur de la nature,
et dont le chien si bien dressé
t'a découverte pour ton malheur
dans ton terrier.
Et vous avez été massacrés,
toi, la magnifique maman,
et tes pauvres petits,
«pour le bien des hommes et des bêtes
en danger de contamination».
Comme si les grandes menaces
n'avaient pas pour nom:
ignorance - égoïsme - intolérance - superstition.
Maria Busnot, Le Mézeray, juillet 1993.


In der Finsternis

Dürfte ich doch ëfter vergessen
ich sei dugolden
silbriger Fisch!
Blind, allein unter deinesgleichen
suchst du nach Nahrung mit deinen
schon zerschlissenen Lippen,
unermüdlich im Sand am Grunde
wühlend in glaserner Behausung, die
mitleidlos dein Elend preisgibt,
statt nach den Flocken zu haschen,
die voll im Licht
an der Oberflache tanzen.
Doch du überlebst in deiner Nacht
durch dein hartnackiges SuchenAber
wie lange noch, goldener Fisch?
Übersetzung Maria Busnot.


Heimat mon pays


Pourquoi, mon cœur, encore une fois
tant d'inquiétude, tant d'émoi?
Je suis revenue chez moi, venant de l'Etranger
où j'ai construit un foyer depuis de longues années.
Pourquoi, arrivée dans mon pays,
me fais-tu ressentir tant de nostalgie?
Pourquoi, maintenant, ce désir poignant
de retourner «à la maison» -
et de ne pas savoir où la chercher?
Le pays du père? Il n'existe plus-devenu la Pologne.
Le pays de la mère? Il s'appelle toujours la Westphalie;
mais en ville, beaucoup de gens aux yeux de braise,
aux cheveux noirs, très noirs de Turquie.
La demeure des parents? Il n'y a que celle
du repos durement mérité, et éternel.
L'Allemagne? Devenue une autre; réunifiée,
mais différente dans son état d'esprit,
très inquiète, en proie à des problèmes cruels jusqu'alors inconnus pour elle.
Enfin dans ma ville! Et souffrir du mal du pays ...
Mais de quel pays? Et comment le trouver?
Tais-toi, mon cœur, retiens tes larmes,
je sais qu'il existe, tout près d'ici.
Regarde les étoiles dans ce ciel d'automne,
mais ne t'éloigne pas, reste là, écoute ceci! Ecoute ces sons familiers, venus directement
du pays que tu cherchais avec tant d'avidité. Ecoute-les vibrer, gronder, s'amplifier,
emplir la ruelle, la ville, la nuit étoilée.
Laisse-les t'entraîner vers la grande place du marché,
ces sons qui te cognent sans te blesser.
Ils font partie du pays auquel tu rêvais
avec tant de nostalgie, de regrets.
Ils ont autrefois rythmé ta vie,
t'ont fait pressentir les grandes joies
des fêtes de Pâques, de Noël et de St. Libori.
Ils émanent des cloches de ta cathédrale, sanctuaire de ce sur quoi tu as construit ta vie, soutien dans ta quête pour sortir du dédale.
Mon cœur, ce que tu cherchais à l'infini
ce n'était pas une nation, un lieu, une maison que, pour trop d'années au loin,
tu croyais perdus à raison.
Tu avais le mal de ton enfance, de ta jeunesse, d'un paradis depuis longtemps évanoui.
Le voilà, ton pays et que tu peux faire renaître quand tu le veux, sans chagrin, sans souci
de le voir disparaître
un jour ou une sombre nuit.
Son nom est Souvenir, son lieu-ta mémoire
et c'est toi, toi seule qui lui donne la vie.
Maria Busnot, Paderborn, novembre 1993.


Heimat


Warum, mein Herz, warum schon wieder
die Unruhe und dies Beben?
Ich bin doch heimgekehrt aus der Fremde,
wo ich seit Jahren meine Bleibe fand.
Warum nur hier im eig'nen Land
Uillt du mich wieder das Heimweh spüren?
Warum die Sehnsucht nach meinem ,Zuhause",
nicht wissend, wo ich es suchen soli?
Das Vater-Land? Das gibt's nicht mehr; ist heute Polen.
Das Mutter-Land? Noch immer heiBt's Westfalen· Doch in der Stadt so viele Menschen mit dunklen' Augen
und mit den tief-schwarzen Haaren der Türken.
Das Heim der Eltern? Da ist nur die mühselig
verdiente Statte der ewigen Ruh.
Deutsch-Land? Es ist anders geworden, wiedervereint,
in seinem Geist jedoch nicht mehr dasselbe,
verfangen in harten, bisher nicht gekannten Problemen.
Heimgekehrt in die Stadt- und noch immer dies Heimweh?
Aber nach welchem Land? Und wie kann ich es finden?
Schweig stille, mein Herz, verhalte die Tranen,
weill ich doch sicher, daB es ganz nah ist, das Land.
Schau auf zu den Sternen am herbstlichen Himmel
doch gehe nicht fort, bleib hier und hër zu! '
Lausche den Klangen, den vertrauten, unmittelbar
aufsteigend im Land, dem ali' deine Sehnsucht galt.
Nun hëre sie schwingen, beben, anschwellen und mehr
und mehr die Gasse füllen, die Stadt,
die bestirnte Nacht.
LaB dich mitreiBen bis zum graBen Marktplatz
von IGangen, die dich stoBen, ohne dich zu verwunden.
Sie sind Teil des Landes, von dem du sehnsüchtig
und mit Trauer im Herzen getraumt hast.
Sie haben früher dein Leben gegliedert,
dir Vorfreude geschenkt zu den Festen:
Ostern, Weihnachten und Sankt Libori.
Sie klingen mit den Glocken deines Dornes,
der Herberge des Glaubens, darauf du dein Leben gebaut,
die Hilfe auf dem Fluchtweg aus dem Labyrinth.
Mein Herz, was du ohn' Ende gesuchtdas
war nicht die Nation, ein Ort, ein Haus, all das,
was du- in Jahren der Ferne- verloren geglaubt hast.
Das Heimweh nach deiner Kindheit und Jugend,
nach dem lange entschwundenen Paradies,
hat dich krank gemacht. Hier ist es dein Land,
das du aus deiner eigenen Sehnsucht aufwecken kannst,
ganz ohne Kummer, ohne Sarge, daB es an irgendeinem Tag,
in einer dunklen Nacht untergeht.
Sein Name ist ,Erinnerung", sein Ort- dein Gedachmis,
und du allein bist's, du, durch das es lebendig wird.
Übersetzung Maria Busnot.


Gemeinwohl

Arme Füchsin,
mit deinen vier Jungen
wurdest du das Opfer kalter Mordlust.
Bisher hatte kein Nachbar
je über Verluste in seinem Hühnerstall zu klagen,
kein Hund muBte der Tollwut wegen
in den vier Jahren erschossen werden,
seit wir dir von unseren eigenen Mahlzeiten
die fleischigen Reste stets überlieBen.
Doch uralter Instinkt, hirnlose Ângste
des neuen Nachbarn, der Jagdhorn spielt
und die Natur angeblich liebt,
haben ihn keine Sekunde zogern lassen,
als sein gut dressierter Hund
dich zu deinem Unglück
in deinem Bau entdeckte.
Und so hat man euch umgebracht,
dich, die groBartige Mutter,
und deine armen vier Kleinen
,zum Wohle für Menschen und Tiere
zum Schutz vor Gefahr einer Ansteckung".
Als wenn nicht von jeher die groBten Bedrohungen
stets unter den Namen gestanden hatten:
Unwissenheit- Selbstsucht- Unduldsamkeit- Aberglaube.
Übersetzung Maria Busnot.


Geliebte Heimat

Du hast mir so gefehlt In ali' den Jahren, als für mich Dein Bild sich trübte, Verzerrt im Widerschein Der fremden Spiegel, Die unablassig ohne Mitleid Ein Land von neuem sichtbar machen, Das nicht mehr existiert Seit nun fast fünfzigJahren. Die Fremden konnen die Schrecken Noch nicht vergessen, Die deine unstillbare Machtgier, Das schuldhafte Schweigen deines Gewissens, Ihnen auferlegt hatte. Sie schlieBen ihre Augen vor deiner inneren Not, Der schweren Bürde, dem Leid, das auf dir !astet. Zwar reichten sie die Hand dir zur Versohnung, Doch fürchten sie noch immer das Erwachen Des alten Damons. In allen diesen Jahren- dem standigen Wachhalten Der schlimmen Vergangenheit ausgesetzt- hatte Ich groBe Mühe, von deinem Bild mir Die andere Haifte zu bewahren. Und wenn, stets nur für kurze Zeit, Zu dir ich heimkam in meiner Not, Dann konntest du dich kaum noch mir enthüllen, So wie du einst dich in mein Herz gezeichnet hattest In meinen Jugendjahren: Ein wunderschônes, ein herrliches Land, Trotz aller seiner Trümmer und klaffenden Wunden, Trotz allen ungezahlten Elends. Ein Land, in dem wir gegen jene Schatten In Gebet und harter Arbeit angekampft haben, Wir musizierten und besangen Die unverletzte Schônheit Von Bergeshôhen, von klaren Wassern Und von dunklen Waidern. Ein Land, in dem wir unsere TotenNach ihrem Heimgang zur Natur, Der Mutter, die uns nahrt- Nicht unter kalte Steine für alle Ewigkeit Versenken, sondern sanft sie betten In warme reiche Erde, auf die wir zu jeder Jahreszeit neue Blumen pflanzen, lm Schutz von Baumen und Büschen, wo Vogel sie Mit ihrem Sang erfreuen. Übersetzung Maria Busnot.

Frühlingsmond – Herbstmond

Mond, rosafarbene Rose, gewaltiger Bal!
über dem silberleuchtenden Meer
vor den Küsten Indonesiens, dann vor Malaya;
Mond, in heftigem Orange, riesiger Lampion,
über den Reisfeldern aufgebangt
an den felsigen Bergkammen der Grenze zu Burma;
Mond, so rot im Wind des Monsun, gigantische Kugel
aus Feuer im Blut, brennend
in der schwülen Nacht über den Pagoden von Thailand -
Mond des Frühlings, der Verzückung,
sinn-betorend in deinem exotischen Gewand -
heiB habe ich dich geliebt, und lange Zeit.
Doch heute, da mein Herbst gekommen ist
schon seit geraumer Weile
und die Traume nach schlimmen Stürmen erkaltet sind -
Was würde aus mir ohne dich, mein kleiner,
goldener Mond, der ruhig lachelt, mich trostet,
Helligkeit spendet in den kühlen Nachten der Normandie?
Du gibst mir Ruh', schützst mi ch vor dunklen Àngsten,
beschwichtigst meine groBen Fragen. Denn du
bist derselbe, der einst meine Kindheit bewachte,
in meinem Land.
Übersetzung Maria Busnot.


Fontaine de vie


Larmes, perles de vie,
cristallines, salines,
Tremblant au coin des yeux
à l'instant du réveil,
Humectant les joues
avec un douceur câline -
Etes-vous mes tendres amies,
Messagères de l'émotion
née d'un bonheur retrouvé?
Etes-vous mes ennemies,
Ultimes traces jaillies de l'évanouissement
d'un rêve heureux?
Oui pourrait le dire?
Mais je vous aime, larmes chéries,
Témoins du souffle
qui m'anime
Lorsque je suis partie dans «l'Ailleurs»
qui vous a fait surgir
de ses abîmes.
Maria Busnot,Le Mézeray, août 1993.


Fleur de rêve - Rêve de fleur


Dans un jardin secret
à l'abandon depuis longtemps
une merveille de fleur a poussé
à l'automne soudainement.
Solitaire, menacée dès sa naissance,
le destin a fait en sorte
qu'elle ne pourra jamais
éclore pleinement.
Que les vents contraires
veuillent bien l'épargner
pendant la froide saison!
Car elle est d'une beauté particulière
cette rose splendide
dormant encore dans son bouton.
Maria Busnot, Paris, novembre 1993.



Et in terra pax …











Dehors, pluies de rage, de terreur, de déstruction
qui dépassent l'entendement des gens «normaux»,
En sécurité, bien à l'abri
Derrière un confort rassurant.
Mais pouvons-nous honnêtement nous étonner
De ce que d'atroce se passe entre peuples
Ennemis jurés depuis longtemps?
N'avons-nous jamais été les auteurs, les acteurs
D'un drame joué entre deux êtres qui s'aiment
Et qui soudain se déchirent cruellement-
Parce qu'un sourire espéré,
Un regard de compréhension,
Un geste affectueux, une parole de consolation
N'ont pas été donnés au bon moment?
Ne nous est-il pas arrivé de fermer les yeux,
Le coeur devant une âme en peine,
Devant ses larmes de désolation, de refuser
Par orgueil une main tendue en quête d'apaisement?
De nous enfoncer nous-mêmes,
De pousser l'autre encore et encore plus
Dans la tourmente d'un attachement
Oui ne se manifeste plus que par ses manquements?
Et nous exigeons de ceux qui ne connaissent
Que la haine- attisée de l'exterieur par des tiers
Sans scrupules, se disant «neutres»,
Mais qui en profitent materiellement-
De laisser enfin règner la Paix sur la terre ...

Maria Busnot, Paris, Noël 1993.




Espoir


Les jours fuient.- Où?
Le but, inconnu, se situe
Dans le plus reculé des lointains.
Oui donc a dit:
«Abandonnez tout espoir»?
L'enfer, assurément.
Mais nous sommes vivants.
Et tant que nous vivons
L'espoir nous maintient debout.
Il nous conduit par la main
A travers contrées froides et tourments,
Une faible lueur
Que chaque souffle
Menace d'éteindre.
Cependant, en toute douceur
Nous la portons à travers les ténèbres
Jusqu'à ce qu'elle donne naissance
A la grande lumière
Oui éclaire magnifiquement
Tous les lointains.
Traduction Maria Busnot.


Désespérance


Etranger- venu d'un lointain pays d'Orient-
Misérable, atrocement seul, abandonné
sur ce quai de Métro pourtant bondé,
recroquevillé, blême, les mains emprisonnées
entre des genoux si maigres, à moitié dénudés.
Que de souffrance sans fin sur ton visage émacié,
que de vide criant dans tes yeux noirs creusés
semblables au gouffre sans fond, à la p'o rte murée.
Par quel enfer es-tu passé? Quelle atroce réalité
t'a déjà à ce point détruit, laminé
alors que ta vie d'homme vient juste de commencer?
Sous quels cieux maudits as-tu croisé le Diable
qui sous prétexte de vouloir leur Bien
a martyrisé, exterminé tes semblables?
Dans quels abîmes es-tu tombé pour percevoir la vérité
à travers les horreurs où tu étais plongé:
qu'en défendant une Cause juste, on peut se tromper?
A quel prix, dans ta lutte pour la Cause, as-tu réalisé
qu'elle était aussi déstructrice, dépourvue de pitié
que celle qu'il s'agissait d'éradiquer?
Combien aimerait-on te venir en aide, te soulager!
Mais la main secourable est retenue, empêchée
par la peur d'être à son tour contaminée
aspirée par l'enchaînement infernal, dése's pérée
qui a fait de toi ce que tu parais - un damné.
Maria Busnot. Paris, novembre 1993.


Des mots dans le vent














Les mots sont emportés par le vent.
Ils tremblent dans le plus léger
bruissement des feuilles.
Ils restent authentiques
tant que tu leur ouvriras l'oreille,
ton coeur et aussi ta bouche.
Ils sont sans âge, toujours neufs,
chargés de tonalités secrètes,
de connaissances anciennes
et d'interprétations contemporaines.
Le mot juste,
le signe valable,
celui qui est équitable et qui convient,
celui qui dit ce qu'il veut exprimer,
tu devras le chercher
pour le trouver.

Traduction Maria Busnot.

Dans les ténèbres


Si seulement je pouvais plus souvent
ne pas me sentir à ton image,
poisson argenté et doré!
Aveugle, seul parmi tes congénères,
tu dois chercher ta nourriture
en fouillant inlassablement,
avec tes lèvres déjà déformées,
le sable tapissant le fond
de ton habitat de verre
exposant sans pitié ta misère,
au lieu d'attraper consciemment
les flocons dansant à la surface,
en pleine lumière.
Et cependant tu survis dans ta nuit
grâce à ta quête acharnée -
mais combien de temps encore, poisson doré?
Maria Busno.
Paris, novembre 1993.


Coupables


Le soleil d'Homère luit-il aussi pour nous?
Non, car alors toute faute n'était
Que le destin imposé par les dieux
Et non pas culpabilité personnelle.
Innocents, ils devinrent coupables,
Oedipe et les siens.
Cependant, ils se soumirent à leur destinée,
Tel que l'oracle l'avait décidée
Et le supportèrent comme faute
Aux conséquences mortelles.
Mais nous, nous sommes les héritiers de Rome
Oui courbés sous les fourches caudines
Savons ce qu'est la faute.
Nous nous trouvons au pied de la croix
Chaque Vendredi Saint.
Traduction Maria Busnot