Etranger- venu d'un lointain pays d'Orient- Misérable, atrocement seul, abandonné sur ce quai de Métro pourtant bondé, recroquevillé, blême, les mains emprisonnées entre des genoux si maigres, à moitié dénudés. Que de souffrance sans fin sur ton visage émacié, que de vide criant dans tes yeux noirs creusés semblables au gouffre sans fond, à la p'o rte murée. Par quel enfer es-tu passé? Quelle atroce réalité t'a déjà à ce point détruit, laminé alors que ta vie d'homme vient juste de commencer? Sous quels cieux maudits as-tu croisé le Diable qui sous prétexte de vouloir leur Bien a martyrisé, exterminé tes semblables? Dans quels abîmes es-tu tombé pour percevoir la vérité à travers les horreurs où tu étais plongé: qu'en défendant une Cause juste, on peut se tromper? A quel prix, dans ta lutte pour la Cause, as-tu réalisé qu'elle était aussi déstructrice, dépourvue de pitié que celle qu'il s'agissait d'éradiquer? Combien aimerait-on te venir en aide, te soulager! Mais la main secourable est retenue, empêchée par la peur d'être à son tour contaminée aspirée par l'enchaînement infernal, dése's pérée qui a fait de toi ce que tu parais - un damné. Maria Busnot. Paris, novembre 1993. |
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