Viens, mon Aimée, mes bras veulent Te consoler. Je veux te bercer, Démêler avec des doigts caressants Ta chevelure embroussaillée, raidie par le sang Et couverte de la crasse des siecles.
Qui pourra un jour te laver du sang, Celui que tu as versé et celui qui par vengeance S'est déversé sur toi à partir de cieux d'arain? Il coule toujours à grands flots Et nourrit les rivières et les ruisseaux.
Ne croyez pas que des constructions gigantesques Puissent recouvrir les blessures et cicatrices. Car dans les profondeurs la suppuration persiste. Aucune bouche ne les a scellées, Aucune parole ne les a acquittées, Aucune main maternelle ne les a bénies.
Sous les pierres gisent toujours des morts tressaillants Inextricablement mêlés ils crient au ciel. Ils sont à jamais le champ de labeur Sur lequel poussent nos fruits, âpres et amers, Mais jamais bénis comme l'exige l'amour.
Traduction Maria Busnot
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